Région Nouvelle Aquitaine

Lettre ouverte à Mme la Préfète du 3 avril 2020

[ Union Départementale CGT de la Gironde ] [Bourse du Travail 44 crs A. Briand ] [ 33075 BORDEAUX ]
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Préfecture de Région Nouvelle-Aquitaine
A Mme la Préfète de Région
Mme BUCCIO Fabienne
Bordeaux, le 3 avril 2020
Objet : demandes CGT sur la situation sanitaire Covid 19
Madame la Préfète,
La situation inédite que vit notre pays afin de faire face aux conséquences de la propagation du COVID 19 oblige chacun d’entre nous à agir selon ses capacités. Depuis plus d’une semaine, les citoyens de notre pays sont appelés « au confinement ». Ce que le contexte met en relief, c’est que notre pays s’appuie sur le monde du travail pour y faire face, comme toujours en moment de crise, alors même que c’est ce même monde du travail qui n’a de cesse d’être attaqué.
Cette crise sanitaire est pour notre organisation le résultat avant tout de choix politiques pris au détriment du bien commun. Car de quelle crise s’agit-il ? Celle de la propagation d’un virus qui peut tuer des dizaines de milliers de personnes ou celle de notre système de santé, de notre recherche, mis en péril à cause des politiques publiques d’austérité, d’un modèle productif dérégulé privant notre pays de son autonomie sanitaire, conduisant à une gestion de la crise par la pénurie rendant incertaine les conditions de sortie du confinement.
L’heure du bilan viendra. Pour l’heure notre organisation vous interpelle afin que la situation reçoive les réponses d’urgence qu’elle exige.
Plus de dix jours après les mesures décrétées par le gouvernement des situations nous interpellent et les injonctions contradictoires formulées au plus haut niveau de l’Etat entre « restez confinés » et « allez travailler », mettent le monde du travail dans de grandes difficultés.
Ainsi en Gironde, les dispositions prises par les employeurs sont très variables et ne correspondent pas à la teneur des propos tenus, le lundi 16 mars, par le Président de la République, en particulier s’agissant du maintien d’activité non essentielle à la vie de la Nation (pour exemple sur notre territoire tout le secteur de l’armement, de l’aérospatial et de la viticulture).
Concernant les secteurs essentiels dont nos concitoyens ont besoin (santé, énergie, alimentation, transport pour ne citer que ceux là), un grand nombre ne mettent pas en place les organisations et moyens suffisants qui permettraient de répondre à la situation sanitaire. D’autres secteurs d’activité sont eux potentiellement source d’aggravation car vecteur de propagation du virus notamment vers des populations à risque, nous pensons particulièrement au personnel de l’aide à domicile, des EPHAD qui se voit devoir intervenir sans protection adaptée.
Nous vous demandons d’intervenir pour que, conformément au droit, tous les moyens de protections soient mis en place. Nous vous demandons, par le biais des services de la DIRECCTE, que la légitimité de l’exercice du droit de retrait soit respectée par les employeurs dès lors que les moyens de protections ne sont pas suffisants.
Nous alertons du fait qu’un certain nombre d’employeurs et de directions font obstacle à l’exercice du droit syndical et des Instances Représentatives du Personnel au détriment de la santé des salariés et donc de leurs proches. Leur prérogatives sont soit limitées soit empêchées alors que c’est l’exact contraire qu’il faut mettre en place : l’extension des droits syndicaux (pour exemple : libre circulation pour se rendre sur les lieux de travail, participation aux différentes organisations internes pour mettre en place les mesures de protection, extension des droits permettant de répondre à la sollicitation des salariés).
Ainsi l’Union Départementale CGT de la Gironde dénonce les mesures s’attaquant aux droits des salariés, jugées par le gouvernement « d’effort raisonnable ». La situation sanitaire du pays, ne peut pas justifier les attaques contre le code du travail, les droits des salarié-es. Ces mesures n’ont qu’un objectif, obliger les salariés à travailler en les mettant en danger, sans se soucier de leur santé.
Nous avons communiqué à vos services des situations qui perdurent depuis le début de la crise sanitaire et qui doivent rapidement recevoir des réponses concrètes et rapides tant matérielles (tests, masques, matériels thérapeutiques) qu’organisationnelles (notamment de crise) qui concernent entre autre la situation des centres hospitaliers de Cadillac, de St Foy Lagrande, de Pellegrin, de l’aéroport de Mérignac, la production d’énergie de l’Aquitaine. Sur ce secteur de l’énergie dont l’accès est vital, nous demandons que la situation exceptionnelle reçoive une réponse en conséquence. Ainsi nous faisons notre, la résolution votée en CSE à ENEDIS ce 24 mars dont la concision et l’importance nous permet de vous la livrer dans son entièreté: « Les élus du CSE sont réunis ce jour de manière extraordinaire compte tenu de l’épidémie coronavirus. Dans ce contexte grave et particulier, un cadre de solidarité nationale doit s’exercer non seulement en direction des banques et entreprises mais également en direction des plus précaires de nos concitoyens. La CGT considère que la gravité de la situation exige que chacun traite ses semblables avec la plus grande humanité possible. C’est pourquoi la délégation CGT au CSE de la DR Aquitaine Nord demande à la direction régionale de permettre à toutes les familles en précarité énergétique dont la puissance est réduite à 1000 Watts où qui ont fait l’objet d’une résiliation pour défaut de paiement, de retrouver une fourniture d’énergie électrique à minima à 3000 watts. Cette puissance retrouvée doit permettre à ses familles dans la plus grande précarité de ne pas avoir à choisir entre l’éclairage ou le repas, ni entre le chauffage d’habitation ou la douche. C’est aussi permettre aux enfants confinés chez eux, à pouvoir accéder à leurs cours en ligne conformément aux dispositions prises par le ministère de l’éducation. »
Dans ce moment exceptionnel, l’Union Départementale CGT de la Gironde entend continuer à agir pour que ce ne soient pas les capacités financières individuelles qui déterminent les réponses dont a besoin la population. Sur cet aspect, la réponse au droit aux logements et notamment de ceux qui en sont démunis retient notre attention toute particulière. Nous vous demandons toutes les dispositions d’urgence pour donner un toit et mettre en sécurité sanitaire tous les sans abris.
La vision de classe effrayante qui se profile de façon exacerbée qui veut faire passer les critères économiques avant les critères d’humanité, nous la contestons et la combattons. Cette vision qui se traduit par la mise en danger de la vie des salarié-es qui dans la majorité des cas n’ont aucun moyen de protection à leur disposition se traduit de façon inconcevable dans la situation des soignants mis dans l’obligation de trier ceux qui pourront être soignés de ceux qui ne le pourront pas.
Au-delà de dénoncer des situations inacceptables, nous avons des demandes et des propositions concrètes pour répondre à des problèmes concrets et urgents afin que l’intérêt des salariés qui sont envoyés en première ligne pour les uns et pour les autres, permettent que le pays fonctionne. Mise en place de garde d’enfants adaptées, organisations de navettes dédiées, organisation du travail sont autant de demandes que l’Etat doit mettre en place immédiatement et donc entende.
Nous ne manquerons pas au vu des évolutions concernant des situations que nous suivons de continuer à vous alerter sur d’autres situations afin qu’une intervention des services de l’Etat soit en mesure de répondre à toutes les urgences.
Cette période de crise inédite oblige à ce que chacun prenne ses responsabilités.
Aussi nous voulons pouvoir utiliser toutes nos prérogatives, et pour cela nous réitérons notre volonté que l’Union Départementale CGT fasse partie de toute cellule de crise existante en lien avec la préfecture de Bordeaux.
Nous vous sollicitions pour qu’il soit organisé très rapidement une première réunion à la Préfecture sous votre présidence, la Direccte, les organisations syndicales de salarié-es et d’employeurs. Bien évidemment, au regard du contexte sanitaire, si celle-ci ne pourrait se tenir physiquement, nous vous proposons d’opter pour la visio-conférence ou une réunion téléphonée.
Dans l’attente d’une réponse positive dans les meilleurs délais, veuillez agréer, Madame la Préfète, nos respectueuses salutations.

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