Pyrénées-Atlantiques

Courrier adressé à M. le Préfet des Pyrénées-Atlantiques du 24 mars 2020

Pau le 24 Mars 2020
A
Monsieur le Préfet des Pyrénées-Atlantiques
Préfecture
Place Clémenceau
64000 PAU
Monsieur le Préfet,
Les annonces faites par le Président de la République le lundi 16 mars et les déclinaisons mises en place démontrent la gravité de la situation pour la population et le monde du travail.
Notre organisation prend la mesure de la crise sanitaire que subit notre pays, et plus largement l’ensemble des peuples sur tous les continents. La CGT fait de la lutte contre la propagation du virus COVID-19 une priorité. Aussi, l’ensemble de nos structures sont désormais fermées au public, nos salarié.e.s confiné.e.s à leur domicile et rémunéré.e.s.
Nos organisations font l’objet de très nombreuses sollicitations de salarié.e.s. qui nous font part du non-respect, par leurs employeurs, de l’ensemble des dispositifs mis en place et leurs obligations en matière de sécurité au travail.
Alors que, selon les experts médicaux, le pic de contamination est loin d’être atteint, les dispositions prises par les employeurs sont très variables, disparates et ne correspondent pas à la teneur des propos tenus ce lundi 16 mars 2020 par le Président de la République, en particulier s’agissant du maintien d’activité non essentielle à la vie de la Nation. Pour notre organisation, l’activité ne peut perdurer que dans les secteurs assurant la satisfaction des besoins vitaux. Les autres entreprises doivent fermer. Il ne peut y avoir d’exception. Cela relève de l’intérêt général. C’est une question de vie et de mort pour reprendre les propos du Ministre de l’Intérieur, mardi 17 mars.
Dans les secteurs de nécessité d’ordre public, dans la santé, les services publics, l’aide à domicile, l’approvisionnement des denrées alimentaires et de premières nécessités, les commerces alimentaires, les transports, la sécurité civile, de nombreuses questions se posent quant à l’application réelle des consignes et les moyens alloués pour la protection des salarié.e.s de ces professions.
Cette situation anxiogène pèse fortement sur la santé mentale des travailleurs et des travailleuses avec tous les risques d’accidentologie que cela induit dans un contexte de travail et de services rendus. Au regard de la situation d’urgence dans les hôpitaux publics, nous demandons une mobilisation totale des hôpitaux et cliniques privés pour accueillir et soigner les malades du Covid-19.
Depuis des années, notre organisation syndicale dénonce les manques de moyens humains et d’équipements dans les hôpitaux.
Union Départementale des Syndicats C.G.T.
des Pyrénées-Atlantiques
49 Avenue Dufau 64000 PAU
 : 05. 59. 27. 13. 21 E-Mail : cgt.64@wanadoo.fr
Malheureusement, cette actualité dramatique fait ressortir cette réalité de façon incompréhensible pour
grand nombre de Français ! Il y aura un temps d’après où nous aurons à nous exprimer sur cette terrible crise et cela va nous permettre de mettre encore plus en avant nos propositions en matière de système de santé publique, de son financement et du financement de notre protection sociale en général.
Cela remet au centre de notre société la question de nos services publics ainsi que de notre système de production et de circuit court, portant la nécessité de sanctuariser des secteurs stratégiques répondant à des besoins fondamentaux, en l’espèce de médicaments, matériels médicaux, et plus largement…
Bref, il est urgent que les directions d’hôpitaux, les décideurs au plus haut niveau, cessent cette fuite en avant et mesurent que la santé est un bien. Pouvoir travailler dans ce domaine avec tous les moyens nécessaires est une obligation ! Il est temps de soigner les salarié.e.s, les patient.e.s, et de ne plus soigner les déficits !
Heureusement, et la CGT tient à les saluer, l’engagement sans faille de tous les agents hospitaliers, infirmières/infirmiers, médecins et personnels paramédicaux permettra de gagner la bataille contre le coronavirus. Nous n’oublions pas toutes celles et ceux qui permettent à notre pays de ne manquer de rien et qui assurent les services essentiels à la Nation. Ces salarié-e-s, très souvent mal payé-e-s, sont aujourd’hui en première ligne dans un engagement sans faille. A ce titre, la prime de 1000 euros désocialisée et défiscalisée, proposée par le Gouvernement nous semble dérisoire et indécente. Nous pensons que les employeurs doivent aussi proposer à leurs salarié-e-s des congés et repos supplémentaires, qu’ils pourraient rémunérer les heures normales passées au travail comme des heures supplémentaires majorées à 50%. Les salarié-e-s doivent être plus et mieux protégé-e-s en cas d’arrêt-maladie avec une réflexion dès à présent sur la déclaration en accident du travail ou en maladie professionnelle. Nous ne laisserons pas des salarié-e-s mourir suite à une exposition sur leur lieu de travail, vous êtes le garant de leur santé.
A ce jour, nous-mêmes ne recevons les informations que de manière parcellaire, glanées par notre organisation ici ou là. Il nous semble indispensable, dans ce combat commun au niveau de notre département, que notre organisation soit informée des mesures prises par les pouvoirs publics et des directives, décrets, communiqués. Même si nous comprenons que des services de l’Etat comme la Direccte aient une activité réduite, dans le même temps, vous devez prendre les mesures pour que les salarié-e-s qui constatent des dérives inacceptables dans l’obligation de sécurité de leur employeur puissent être protégés dans les plus brefs délais. C’est votre devoir en tant que premier représentant de l’Etat sur le département, et ce d’autant plus que les différents décrets sur l’état d’urgence sanitaire vous donnent des pouvoirs accrus. A l’heure où les sanctions contre les personnes sans autorisation de déplacement valable peuvent aller jusqu’à 6 mois de prison ferme, nous nous étonnons que les sanctions contre d’éventuels « patrons-voyous » qui exposent délibérément la santé de leurs salarié-e-s par manque de mesure de protections soient si peu évoquées. Par exemple, Nous sommes par exemple particulièrement inquiets de la situation dans les entreprises de moins de 50 salariés. Nous souhaiterions que vous obligiez les employeurs à diffuser auprès de leurs salarié-e-s vos décisions et préconisations.
La CGT sera exigeante sur la place qu’elle devra avoir dans le « temps d’après » pour faire entendre ses analyses et revendications pour un modèle de développement humain durable.
Nous rappelons notre disponibilité pour échanger de manière directe et régulière avec vous. Dans l’attente d’une réponse de votre part, veuillez agréer, monsieur le Préfet des Pyrénées Atlantiques, mes respectueuses salutations.
La Secrétaire générale,
Mme Muriel Reignier

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