Vienne

Lettre ouverte à Mme la Préfète de la Vienne du 31 mars 2020

Objet : Covid-19 – Situation sanitaire.

Madame la Préfète,
Les annonces faites par le Président de la République le lundi 16 mars et les déclinaisons mises en place démontrent la gravité de la situation pour la population et le monde du travail.

Notre organisation prend la mesure de la crise sanitaire que subit notre pays, et plus largement l’ensemble des peuples sur tous les continents. La CGT fait de la lutte contre la propagation du virus COVID-19 une priorité.

Aussi, l’ensemble de nos structures sont désormais fermées au public, nos salarié.e.s confiné.e.s à leur domicile et rémunéré.e.s.
Des permanences téléphoniques sont organisées dans toutes nos structures territoriales afin de répondre aux très nombreuses sollicitations des salarié.e.s. De nombreux salariés nous font part du non-respect, par leurs employeurs, de l’ensemble des dispositifs mis en place et leurs obligations en
matière de sécurité au travail.

Alors que, selon les experts médicaux, le pic de contamination est loin d’être atteint, les dispositions prises par les employeurs sont très variables, disparates et ne correspondent pas à la teneur des propos tenus ce lundi 16 mars 2020 par le Président de la République, en particulier s’agissant du maintien d’activité non essentielle à la vie de la nation. Pour notre organisation, l’activité ne peut perdurer que dans les secteurs assurant la satisfaction des besoins vitaux. Les autres
entreprises doivent fermer. Il ne peut y avoir d’exception.

Cela relève de l’intérêt général.
C’est une question de vie et de mort pour reprendre les propos du Ministre de l’Intérieur, mardi 17 mars.

Quand bien même, les entreprises qui continuent leur activité non essentielle le feraient en assurant une protection optimale aux salariés, cela se fait au détriment des secteurs essentiels (EHPAD, aides à domicile, infirmier-es libéraux, caissières, policiers, pompiers…..) qui manquent de moyens de protection (masques, gel hydroalcoolique, sur blouse…). Au bout du compte, ces comportements qui font passer l’économie avant la santé nous mettent tous en danger.
Nous confirmons que les seuls mots d’ordre doivent être : fermez tout ce qui n’est pas essentiel et restez chez vous !

Aussi nous voulions vous faire connaître quelques situations inacceptables dans la VIENNE et cette liste est loin d’être exhaustive :
 Après avoir arrêté son activité, l’Entreprise ARCO à Châtellerault souhaite la reprendre pour répondre aux commandes des Entreprises Chinoises. En quoi la fabrication de Sacs VUITTON est-elle essentielle à la vie de la nation ! Il en est de même pour l’Entreprise AUBIN.
 Nombre d’entreprises du secteur de la métallurgie poursuivent leur activité : BIC INDUSTRIE, RADIO ENERGIE, DURAND (TPE), SCHNEIDER, ANDRITZ, COULOT, SAFRAN ST BENOIT, SOTOMET, SPIRAX SARCO.


Ces activités se poursuivent sous pression des donneurs d’ordre et actionnaires. Il est à noter que les conditions de travail ne sont pas optimales pour préserver la santé des salariés et il est impossible pour les services de la DIRECCTE ou de santé au travail de pouvoir les contrôler. 


De plus, nous dénonçons l’attitude irresponsable de certains employeurs, (comme à Bio 86) qui font signer aux salariés des décharges sur la responsabilité du risque encouru COVID-19. Nous tenons à vous alerter sur le fait que cette démarche est illégale et nous vous demandons d’intervenir avec un message fort rappelant la gravité de la situation qui n’empêche pas l’application des lois de la république, auprès de l’ensemble des employeurs qui considèrent pouvoir passer au-dessus du code du travail ainsi que de leur responsabilité.Ces décharges ne pourront les dédouaner des risques qu’ils font prendre à leur employés et à leurs familles, s’ils ne prennent pas toutes les mesures de protections qui s’imposent.


 Dans les Services Publics Territoriaux, cela n’est pas plus glorieux, bon nombre de maires et de responsables de collectivités font travailler des salariés à des tâches non essentielles au bon fonctionnement de la nation, alors qu’ils devraient se montrer exemplaires dans la gestion de cette crise sanitaire et du confinement.
Ces situations anxiogènes pèsent fortement sur la santé mentale des travailleurs et des travailleuses avec tous les risques d’accidentologie que cela induit dans un contexte de travail.


Nos structures nous font également remonter le manque d’informations concernant l’impact précis des mesures prises par le gouvernement ou les directions pour les salarié-es et tout particulièrement pour les plus précaires et celles et ceux des TPE, associations (vie quotidienne, garantie du maintien de leurs revenus, contrat de travail, organisation du travail, santé, hygiène et sécurité, garde d’enfants)….

De plus les restrictions de circulation et nos responsabilités collectives nécessitent de trouver une solution pour les premiers dirigeants et les mandatés (entre autres les conseillers du salarié, Délégués Syndicaux…) pour garantir le droit à l’exercice syndical et l’application pleine de ce droit dans les entreprises et sur les territoires.


A ce jour, nous ne recevons que partiellement les informations, glanées par notre organisation ici ou là. Il nous semble, dans ce combat commun au niveau de notre département, indispensable que notre organisation soit informée des mesures prises par les Pouvoirs Publics et des directives,
décrets, communiqués.


La CGT sera exigeante sur la place qu’elle devra avoir dans le « temps d’après » pour faire entendre ses analyses et revendications pour un modèle de développement humain durable et nous rappelons que dans cette crise profonde que traverse l’ensemble des pays du monde, la CGT assume ses
responsabilités.


Dans l’attente de votre réponse et d’être informée des dispositions prises, veuillez croire, Madame la Préfète, en l’assurance de mes respectueuses salutations.


Catherine GIRAUD
Secrétaire Générale
Union Départementale CGT de la Vienne

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