Deux-Sèvres

Déclaration à la Gendarmerie Nationale St Maixent Audition du mercredi 28 juin 2023 9h.

La CGT 79 va être entendu en procès (notre secrétaire départemental) le 8 septembre prochain pour organisation d’une manifestation interdite le 29 octobre 2022 à Ste Soline.

Dans l’attente de plus de nouvelles voici la déclaration que nous avons fait hier.Déclaration à la Gendarmerie Nationale St Maixent Audition du mercredi 28 juin 2023 9h.Je suis né à Niort et connait ce département, où mon grand-père maternel a été paysan jusque dans les années 90.Je connais le paysage de ce département, je l’ai même connu quand les papillons étaient nombreux, quand les insectes maculaient le pare-brise des voitures en été, quand les oiseaux de plaines nichaient dans le milieu des champs, quand nous entendions chanter les oiseaux même en campagne, ce temps est malheureusement révolu.Comme des centaines de mes camarades de la CGT en Deux Sèvres, des dizaines et des centaines de milliers à travers la France, nous avons fait le même constat.

C’est pourquoi au-delà des luttes pour les salaires, les conditions de travail, l’amélioration des droits des privés d’emplois et des pensionnés, pour un changement de société qui permette le partage des richesses créées par les travailleuses et les travailleurs, La CGT s’est emparée du nécessaire combat pour la préservation de la planète.Au niveau national cela s’est traduit par de nombreuses actions de la CGT pour l’écologie, mais aussi pour demander des contreparties sociales et écologiques aux aides attribuées aux entreprises et encore des rapprochements avec d’autres syndicats et associations avec qui nous avons notamment co-écrit le programme revendicatif « plus jamais ça » !En Deux Sèvres la CGT a été alarmée par les sécheresses que nous connaissons depuis 2003.Dans le Sud Deux Sèvres par exemple, mais aussi sur le sud Vendée et le nord Charente Maritime, le marais poitevin est un formidable écosystème de biodiversité, pourtant aménagé par l’homme, mais à l’époque en lien direct avec la nature pour améliorer notre capacité de polyculture élevage, gagner des terres sur le marais et gagner la fertilisation des terres.Ainsi dès la fin du 10ème siècle la coalition des abbayes de Saint-Michel, de l’Absie, de Saint-Maixent, de Maillezais et de Nieul permet un premier aménagement du marécage par le creusement de fossés, de conches et de canaux, mais aussi la création de digues pour une gestion de l’eau raisonnée.A la fin de son édification, le marais poitevin devient comme une grande bassine qui permet de stocker l’eau par son écoulement doux qui permet d’enrichir les nappes et les tourbières alentours.

Dans son cycle au sein du Marais Poitevin l’eau doit déborder, c’est ce que nous appelons ici l’Évail, c’est une crue des terres qui dure plusieurs semaines en hivers pour fertiliser les terres et reconstituer le stock.L’Évail n’a plus dépassé quelques jours, deux ou trois, depuis 2003, la fameuse canicule qui a détruit une partie de notre ressource en eau jamais reconstituée depuis.On ajoute à cela le développement de l’agriculture industrielle et le recours massif à l’irrigation, non pas pour produire ce que l’on consomme localement, comme des fermes de polyculture élevage peuvent le faire, mais pour engraisser le marché mondial, réaliser des exportations.

Et cela non seulement sur le territoire du marais poitevin ou l’on observe directement une perte de biodiversité flagrante, mais sur l’ensemble du territoire des Deux Sèvres et même sur l’ensemble du territoire français.

La réponse qui devrait être de reconstituer des stockages de l’eau en harmonie avec la nature, l’aménagement des zones humides, le retour à l’entretien d’un marais qui rentre en crue mesurée et voulue, cette réponse n’est pas mise en place. Les pouvoirs publics accompagne les remembrements des années 70 à nos jours avec comme partenaire principal la FNSEA qui propose de drainer les terrains, de tarir les zones humides pour accroitre la productivité et la capacité d’utilisation de la chimie, des engrais et des pesticides.

Nous savons tous aujourd’hui que ces propositions capitalistes appliquées à l’agriculture sont néfastes à notre planète, les différents rapports scientifiques, pour en nommer un des plus important « le rapport du GIEC » font état d’un besoin de changement, ils préconisent tous le retour à une paysannerie à taille humaine, qui produit au plus proche pour la consommation locale.

La CGT en Deux Sèvres se rend alors compte que ça n’est plus possible, et si nous ne nous opposons pas à l’irrigation, le partage de la ressource doit être organisé.

Arrive sur notre territoire des luttes contre l’accaparement de l’eau, le collectif « Bassines Non Merci » que la CGT rejoint dès 2016, c’est notre lecture semblable du territoire et nos valeurs communes contre l’accaparement capitaliste qui nous rapprochent. Il était tout naturel que la CGT défende l’accès à l’eau pour tous, notamment pour les travailleuses et les travailleurs, actifs, précaires privés d’emplois ou retraités que nous accompagnons au quotidien.

Les congrès de l’Union Départementale des Syndicats CGT des Deux Sèvres ont validés en 2018 puis confirmé en octobre 2021 notre engagement à défendre la ressource en eau au côté de Bassines Non Merci. Elu par l’ensemble des syndiqués Secrétaire Général de l’Union Départementale lors du dernier congrès, j’ai continué à porter la parole des syndiqués CGT des Deux Sèvres comme d’autres l’avaient fait avant moi, et comme demain d’autres le feront.

C’est ainsi, pour toutes ces raisons que la CGT ne baissera pas les bras sur les questions de luttes écologiques, nous voulons pouvoir laisser une planète digne pour les travailleuses et les travailleurs, nous voulons interpeller la société pour éviter d’aller droit dans le mur, nous voulons protéger notre terroir local contre la prédation pour continuer d’y accueillir dignement tous ses habitants, les voyageurs et tous ceux qui ont besoin de s’y installer.

Car demain ce qui s’annonce avec le réchauffement climatique c’est des transferts importants de populations, que nous devrons accueillir dans les conditions les meilleures, il nous faut stopper aussi ce réchauffement pour garder la plus grande partie de notre terre habitable.

Toutes ces raisons doivent appeler tous les citoyens à se prononcer sur les projets qui vont structurer notre avenir.Construire des bassines, des « réserves de substitutions » en prélevant l’eau dans les nappes doit tous nous interloquer quand nous savons les capacités de génie hydraulique que nous avons su mettre en œuvre par le passé au service du territoire, ce marais poitevin qui nous est si cher.

Ecoutons les problématiques et cherchons des solutions d’avenir qui soit collectives et réfléchies pour le long terme, car les bassines ont un principe de prélèvement de court terme, et pas de reconstitution de nos ressources.

La CGT avec près de 200 autres organisations appellent à un moratoire sur la question des bassines.

Comme le dirai Greta Thunberg, nous ne voulons pas d’un état qui réprime les mouvements sociaux et écologistes en faisant croire que ce sont des faiseurs de violences, nous voulons un état qui se méfie de la véritable violence qui nous arrive : le réchauffement climatique !Aujourd’hui mes camarades s’opposent à la répression que vous êtes en train de mener, et vous pouvez les entendre dehors, car nous sommes tous conscients, les changements que nous allons subir impliquent une participation de tous à décider les États de tous mettre en œuvre pour qu’ils soient les moins impactant possibles.

Vous aussi citoyens Français, membre de la Gendarmerie Nationale, auditeurs et lecteurs de cette déclaration il est de votre devoir de vous élever tous ensembles pour relever le défi climatique et protéger l’eau comme bien commun.Ainsi en octobre 2022 la CGT a déposé par mon intermédiaire une déclaration de manifestation en préfecture des Deux Sèvres. Nous avons appris par voie de presse que cette manifestation serait interdite, puis enfin par une réponse préfectorale. A partir de cette interdiction la CGT 79 n’était donc plus organisatrice d’une manifestation.

Il est regrettable évidement de voir la répression acharnée qui s’exerce à Ste Soline comme sur l’ensemble de ces projets de bassines, quand on observe que la population n’a jamais été consultée et que les militants pacifistes de nos organisations demandent juste un moratoire, il est indigne de voir les intimidations qui sont mises en place.

Je demande que l’ensemble de cette déclaration soit inscrite au Procès-Verbal de mon audition.

Je n’ai rien à déclarer en plus.

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