Comité Régional CGT Nouvelle-Aquitaine
Déclaration envoyée le 31/03/2020 à l’Assemblée du CESER Nouvelle-Aquitaine
DECLARATION GROUPE CGT AU CESER Nouvelle Aquitaine
La crise sanitaire qui frappe notre pays est d’une extrême gravité. Elle appelle la mobilisation de
toutes et tous pour freiner l’épidémie, sauver le maximum de vies. Toutes les mesures de prévention
et de protection doivent être prises pour assurer la sécurité et la santé de l’ensemble de la
population.
Les travailleurs sont en 1ere ligne face aux impacts sanitaires, économiques et sociaux. Leur
protection doit être une priorité. C’est pourquoi la CGT réclame, que cessent les contradictions
gouvernementales entre un confinement obligatoire sur le plan sanitaire et les injonctions à
continuer la production dans des secteurs non-indispensables en cette période particulière. Les
salariés en activité, dans les seuls secteurs à classer essentiels doivent eux disposer de toutes les
protections individuelles et collectives indispensables à leur protection et à celle de leur
entourage. Le CSE et CSST doivent être associés, ainsi que les CPR Interprofessionnels de l’artisanat
et des professions libérales pour les TPE.
Le droit de retrait doit être respecté dès lors que la santé et la sécurité ne sont pas assurées. Il est
inadmissible que les salariés, leurs familles, les usagers et l’ensemble de la population soient mis en
danger faute de masques, de moyens de protections, d’organisations de travail adaptées.
Comme il est scandaleux que quelques employeurs, ici ou là, cherchent à faire signer des
attestions aux salariés pour se décharger de « leurs obligations en matière de santé et sécurité ».
Enfin nous ne pouvons accepter les dérogations au droit du travail adoptées dans le cadre de
l’état d’urgence sanitaire.
Le conseil régional s’apprête à adopter un dispositif « d’urgence » à hauteur de 50 millions d’€ en
direction des entreprises, des associations. Les interventions doivent être surtout dirigées vers les
petites entreprises. Elles doivent être conditionnées au maintien des emplois, au non versement
de dividendes. Les instances représentatives du personnel doivent être informées et associées.
Nous proposons aussi que le Conseil régional agisse à tous les niveaux pour une responsabilisation
des grands groupes donneurs d’ordre (les trésoreries le permettent), en faveur des réseaux de
sous-traitants, de services et de leurs salariés. Enfin nous souhaitons connaitre les incidences sur le
budget régional et demandons que les politiques publiques socialement utiles ne soient pas
impactées.
Les pénuries (de masques, de respirateurs, …) sont scandaleuses. Elles illustrent le désastre des
politiques d’austérité, d’une gestion comptable court termiste : celles qui ont conduit à réduire
massivement le nombre de lits hospitaliers (100 000 en 20 ans), à dévaloriser le personnel soignant
jusqu’à décourager les vocations, à transformer l’hôpital en entreprise (loi Bachelot HSPT 2009), à
étouffer la formation des médecins sous le numerus clausus, à ne pas investir à la hauteur
nécessaire dans les EPHAD, dans les services d’aides à domicile, à négliger la recherche
fondamentale malgré les alertes de chercheurs, …
L’épidémie révèle aussi les impasses et les dangers d’un capitalisme financiarisé, d’une
mondialisation sans règles, conduite par les grandes firmes. Elle a affaibli gravement notre base
industrielle, nous privant dans nombre de secteurs (la santé en particulier) d’une maîtrise et d’une
souveraineté indispensables, tout en aggravant le dérèglement climatique et écologique.
Il est urgent de penser et d’opérer le basculement vers un autre modèle de développement. Il
n’est plus possible de faire semblant de tout changer pour que rien ne change.
Pour la CGT trois décisions d’urgence s’imposent pour s’inscrire dans cette perspective :
– arrêter la production à l’exclusion des secteurs essentiels à la satisfaction des besoins vitaux du
pays, comme vient de le décider l’Espagne.
– reconsidérer la place du monde du travail et reconnaitre enfin, dans le public comme dans le
privé, le travail de celles et ceux qui « tiennent la France » ; et donc interdire tout licenciement
dans cette période (l’Espagne vient de le décider) ; « socialiser » rapidement davantage de
richesses pour renforcer notre système de protection sociale et santé.
– rétablir enfin un début de justice sociale et fiscale dans le pays en suspendant tout versement
de dividendes dans les grands groupes (estimés à 54 Mdrs € soit +5,5% pour le CAC 40 en 2020, et
à 359 Mrds en Europe) ; en rétablissant et en améliorant nettement le rendement de l’ISF ; en
mettant à contribution le secteur assurances.
Derrière l’épidémie, il y a bien une crise systémique à laquelle il faut apporter des réponses
indispensables, inédites et urgentes.
Bordeaux, le 31 Mars 2020